Samedi 30 novembre

Depuis Hanoi, nous avons affrété un minibus qui, après 6h de route nous amène au village de VuLinh, au Nord Ouest de Hanoi, en pays Dao. Les Dao sont une des nombreuses minorités ethniques du Vietnam, c'est un peuple animiste, avec plusieurs types de communautés: les Dao bleus, les Dao noirs, Les Dao pantalon blanc, etc…Les costumes sont magnifiques, on en verra quelques uns au marché.

Le voyage est plus long que prévu à cause de travaux…Parfois on refait la route juste devant nous, il faut attendre une demi-heure. Le paysage est magnifique. C'est un pays agricole et dès qu'on quitte la ville, ce ne sont que champs, rizières, buffles. Et cette omniprésence si inhabituelle pour nous de la mort dans le paysage: parsemées dans les champs, entre 2 rangées de cultures, il y a  1, 10, 20 tombes. Les bœufs broutent, les vivants, hommes et femmes travaillent la terre, le riz pousse, la vie est là, les morts sont là aussi, à leur place. Cela n'a rien de macabre, à la longue cela paraît sain et plutôt logique, apaisant …

Petite pause café au bout de 4h de route. Les villages traversés, les maisons, comme ce café et son jardin sont incroyablement propres. Bien sûr il y a des tas d'ordures un peu partout, mais ils sont localisés. Différent du Nigeria, envahi par les déchets, n'importe où qu'on aille, jusque dans les branches des arbres dont l'essentiel du feuillage est constitué de sacs d'emballage plastique.

Il faut parler aussi de l'odeur dont on ne peut rendre compte en image et qui est un élément fondamental de notre appréhension du pays. C'est finalement la même odeur de base que nous avons rencontré aussi en Inde, en Afrique et qui n'existe plus en Europe. Celle de l'humanité, de la vie  collective, oubliée chez nous, une douce odeur de crasse, en fait. Ici on ne craint pas les vapeurs fortes, on vit avec, on ne masque pas les odeurs, on ne se pince pas le nez. C'est parfois brutal, mais au moins on sait à quoi on a affaire. Bienvenue dans le monde réel! Pour citer - de mémoire - le grand philosophe Jean Pierre Marielle dans les Galettes de Pont Aven "Un cul doit sentir le cul,… pas le savon de Marseille".

LaVie VuLinh est un endroit magique, fondé par Fredo, un franco vietnamien, au village de Ngoi Tu (VuLinh étant le nom du groupement des villages environnants). C'est Elizabeth qui a trouvé ce lieu en fouinant sur internet. Nous cherchions à terminer cette tournée avec un petit séjour - découverte d'un coin du Vietnam plus "roots" que les grandes villes  où se situait notre projet. Il y a une dimension Tourisme Solidaire dans la démarche de Fredo et son équipe vietnamienne qui nous a séduit.

C'est une grande maison avec une capacité d'accueil de 60 personnes située sur le lac Thac Ba. Depuis le village de VuLinh, nous traversons le lac à bord d'une grande barque à moteur pétaradant. Nous amenons avec nous une batterie depuis Hanoi, car nous ferons un concert le lendemain soir où sont conviés les habitants des villages voisins.

LaVieVuLinh propose des séjours en connexion avec les habitants des villages environnants: cours de cuisine locale, pêche sur le lac, trekkings dans la montagne  Bach Ha et la région Da Ban à pied et en moto, balades en bateau etc… Les tarifs sont très raisonnables. Il règne ici un calme absolu.

Un peu en hauteur, au dessus de l'actuelle maison se construit la nouvelle maison, plus vaste. La charpente qui est montée vient d'une maison traditionnelle achetée et démontée d'un village Dao. Elle sera donc en phase avec la tradition.

Le soir, repas commun avec toute l'équipe des bâtisseurs, cuistots, et tous les jeunes hommes et femmes qui font tourner la baraque. Ca carbure à l'alcool de riz. Il faut porter toast sur toast, selon un rituel immuable.

- On lève son verre et criant "Bo Zaaoh" à la compagnie (Trinquons) et on trinque verre contre verre, avec chacun (n'oublier personne).

- On hurle "Am Zou" (Cul Sec) et on s'exécute proprement sans faiblir.

- On se serre la main les uns les autres (sans oublier personne) en disant "O Mé Doum" (Mé pouvant être remplacé par le prénom du partenaire), ce qui veut dire "Je te remercie" ou "Je te remercie, Roger (ou Simone, whatever)".

Nous sommes logés à la façon traditionnelle: une grande pièce tout en bambou, chacun étant "isolé" des autres par un système de petit boxes en moustiquaire. Tout le monde a déjà pu profiter cette nuit des légendaires interventions nocturnes de Vivian qui, dans son sommeil, parle, rit ou engueule (il fait d'autres choses aussi, mais il n'est pas le seul).

Le trajet Hanoi - VuLinh

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Arrivée à LaVieVuLinh

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Ramassage du manioc

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Technique de la rame-pédalage

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LaVieVuLinh

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Copain cochon qui rira moins tout à l'heure

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Dimanche 1er décembre

Petit tour au marché de Phuc An avec Fredo et Liên. Liên est une jeune femme de l'équipe, hyperactive et absolument charmante qui parle assez bien français. C'est elle qui nous accueillis et emmenés en bateau hier. Retraversée du lac, on croise des buffles qui, en file indienne,  traversent à la nage, des barques qui avancent selon la technique  spectaculaire de la rame au pied. Au marché quelques femmes en costume Dao, certaines ont encore les dents laquées en noir, ce qui est une tradition - qui se perd chez les jeunes (on ne s'en plaindra pas, filles et garçons ici ont des sourires éclatants qui jaillissent dès qu'on croise leur regard).

Market Day

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Liên

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Daos en costumes traditionnels

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Avec Fredo

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Liên et Fredo

Fredo nous explique un peu l'économie locale. Dramatiquement avec le temps, dans la région se sont imposées 2 monocultures désastreuses pour l'environnement: l'eucalyptus et le manioc. Le premier provoque, en plus d'être comme il dit, une culture de fainéants car il n'y a rien à faire (une fois coupé, l'arbre repousse de lui même) un appauvrissement du sol. Plus le sol s'appauvrit et plus il faut planter et moins ça donne. Cercle vicieux. Tout ça pour fabriquer du contreplaqué de mauvaise qualité. On a traversé des villages entiers avec, le long de la route des Km de déroulés de feuilles de bois d'eucalyptus en train de sécher. Le manioc, quant à lui, produit lors de son traitement du Cyanure qui pollue les eaux et les sols. L'eau du lac vient d'un cours d'eau vietnamien et non chinois, sans usines polluantes. Il paraît qu'elle est même potable. Cependant, il y a dans le secteur l'installation d'une usine chinoise de traitement du manioc qu'ils ont réussi à faire fermer plusieurs fois , mais qui mystérieusement ré ouvre toujours au bout d'un moment…

A LaVieVuLinh, on a planté une forêt de fruitiers qui, dés la 2° année a commencé à donner et sert d'exemple pour les villages environnants, grâce au nombre de jeunes hommes et femmes qui passent par ce centre pour y travailler un temps. Une façon d'orienter la production locale vers une culture régénératrice des sols et proche de ce qu'elle était traditionnellement dans cette région.

Repas tranquille, les ouvriers et les employés du centre mangent dans la pièce à coté. Puis vient le temps sacré de la sieste qui paraît, ici, incontournable. J'ai bien dormi, moi, cette nuit. Je profite de ce temps pour préparer le blog de ces 3 jours. Il me faudra juste trouver une bonne connexion à Hanoi pendant 1h, avant de prendre l'avion pour poster tout ça.
Il y a au centre une salle de classe qui sert pour des cours d'anglais donnés par une des filles aux autres employés de centre. L'idée est de leur donner le maximum de moyens pour que leur passage ici serve leur parcours professionnel à venir. Eliza, qui est en premier lieu enseignante et qui a développé depuis des années une méthode ludique d'apprentissage de l'anglais,  assiste au cours. Demain elle fera quelques suggestions méthodologiques et interviendra plus, pour aider la chargée de cours à être plus efficace.

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Balade tranquille en fin d'après midi dans le village de Ngoi Tu, quelques maisons disséminées par ci par là. On nous invite dans une des maisons pour boire le thé. La maison traditionnelle est en bambou, sur pilotis. La famille vit à l'étage dans une immense  grande pièce avec une demi cloison en bambou séparant la pièce à vivre de la partie cuisine, point d'eau. Contre la cloison, une télé, un téléphone. Des photos de famille très officielles côtoient des posters fanés de stars de la chanson vietnamienne. En dessous, les poules, les cochons. Les déchets de cuisine passent directement chez les cochons avec un coup de balais. Pratique.

On boit le thé, on trinque à l'alcool de riz, et pas qu'une fois, cela ne se fait pas…Puis on retourne à LaVieVuLinh pour s'installer pour le "concert" du soir. Cela se déroule sur la grande terrasse où sont installées des tables pour les invités des villages alentour.

Dans l'après midi, on avait tué le cochon pour l'occasion. Ce ne fut pas une mince affaire. J'ai couvert l'événement avec ma caméra. Je ne mets pas en ligne la vidéo pourtant très intéressante, mais j'en mettrai une autre moins gore. Il y avait 2 cochons dans l'enclos. Celui qu'on a pris et l'autre qui, paniqué a sauté l'enclos. Il a fallu aller le rechercher, ce qu'a fait la joueuse bande de filles et de garçons du centre, partie de rigolade sur fond de hurlements du cochon affolé, acculé dans le chantier de la nouvelle maison.

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Sale temps pour les porcs...

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Concert interactif du troisième type

On mange le cochon, on trinque "Bo Zaaoh, bo zaaoh..". Il y a là  des villageois de tous les âges, dont un de 84 ans qui avant de partir viendra s'excuser du fait qu'étant un peu âgé, il est temps pour lui de rentrer. Il y a aussi, aux dires de Fredo, plusieurs Chamanes du coin, dont un qui veut jouer de la musique avec nous. Son instrument traditionnel - il est l'un des derniers à en jouer - est en bambou, naturellement. C'est une grande corne, constituée de morceaux de bambou de sections croissantes qui s'emboitent les uns dans les autres donnant l'aspect d'un grand serpent souple. Le son produit est celui d'une trompe, se joue comme un clairon.

Il s'avère très vite impossible de faire un concert traditionnel. Nous partons sur des rythmiques orientales, ca danse, ca chante . Il faut sans arrêt lâcher la guitare ou la basse sur quelques mesures parce que "BO ZAAAOH..!", on se retrouve avec  un visage hilare contre le sien et un verre d'alcool de riz contre le nez. C'est joyeux et foutraque, ça oscille entre le free ultracontemporain avec le Chamane déchainé avec sa trompe, ravi de cette collaboration alcoolo-artistique et le karaoké improvisé, chacun y allant de sa chansonnette.

Les vietnamiens ne connaissent pas la cigarette roulée, ils fument dans leurs pipes à eau. Eliza a un gros succès avec son tabac à rouler, tout le monde en veux. Elle a du rouler au moins 40 cigarettes dans la soirée.

La soirée se termine en haut sous les fondations de la nouvelle maison, autour d'un feu. On célèbre cette nouvelle maison en trinquant encore et encore. Eliza, Jean Marie et moi finissons par réussir à nous éclipser dans la confusion générale, mais Chris et Vivi "BO ZAAAOHHH…" n'ont pas pu. Aux dires de Chris, en fin de soirée, il lui semblait que Vivi avait rétréci de moitié, ce que nous essaierons de vérifier quand il se lèvera, s'il se lève ce matin. Je crois qu'il a eu une nuit difficile…

Difficile d'estimer le nombre de "Bo Zaaoh" effectués, entre 40 et 80? Ce qui est incroyable, en ce qui me concerne, et cela semble être le cas général, c'est que le matin me voit frais comme un gardon, aucune gueule de bois, mal aise ou mal être: l'alcool parfait pour faire la fête, qui rend joyeux et disparaît au réveil sans laisser de traces. Quel beau pays!

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Lundi 2 décembre

Rien à signaler. Levés tard. Journée tranquille passée entre la contemplation du lac, une sieste dans le hamac et en fin d'après midi quelques plongeons, pour la forme. Le silence, des kms à la ronde, avec, de temps en temps derrière une île, une explosion sourde: pêche à la dynamite. Le pays Dao a, lui aussi son quota de crétins, qui, en général finissent par se faire malencontreusement sauter la tronche en jouant ainsi avec le C4. Ce qui est encore arrivé il y a quelques semaines au neveu d'une personne du centre, nous dit Fredo.

Soirée calme. Il fait frais, on ne traine pas. En fait tout le monde est au lit à 22h.

Mardi 3 décembre

Nous quittons LaVieVuLinh en bateau vers 9h30, après un faux départ: j'ai oublié ma basse…Adieux chaleureux avec Fredo, Liên et la bande. Il fait un temps superbe, en avant pour 5 ou 6h de car à travers petites villes, villages ruraux et rizières. Plein les mirettes again!

Retour à Hanoi, au Sofitel où nous nous posons quelques heures avant de reprendre l'avion pour Paris à 22h. Je finirai  le blog à Montpellier pour les dernièes photos et vidéos.