Assis sur le petit ponton un peu délabré, sur lequel repose en paix un vieux zodiaque dégonflé, je regarde le Bayou en buvant mon café.
Il faut regarder à droite pour suivre le cours d'eau sinueux bordé de grandes maisons en brique rouge ou blanche,avec chacune son petit ponton (voire son zodiaque crevé), car à gauche, à 5m,  il y a un pont très urbain, la rue, on change de monde.
Quelques têtes de tortues émergent de temps en temps, curieuses, se rapprochent, peut être pour jauger l'intrus, puis disparaissent.
Debout à 5h30, il est maintenant 6h30 à Nola, 13h30 en Europe. Hier soir, sur Skype, conversation entre jetlagers zombiaques avec ma beloved daughter Pia, de retour de LA, décallée elle aussi, insomnie etc… Virtual hugs.

Moment calme sur le Bayou et…shit, il faut rentrer, it's raining again.

Hier matin, on attendait Grayhawk. Mais comme il est tombé des trombes d'eau toute une partie de la matinée, il est arrivé en retard, attendant de voir si l'eau ne montait pas dans sa maison, à Mandeville.
Il est arrivé avec tout le matos pour répeter, ses tambours, ses cigares et son guitariste Mark.
Il fume toute la journée d'énormes barreaux de chaise. C'est traditionnel, dit-il, smoking cigars, dés le matin. C'est carrément inclus dans la cérémonie traditionnelle du lever. Faits autrefois à la main par les indiens, les siens viennent maintenant de la République Dominicaine. Il les offre d'ailleurs facilement. Je n'ai pas encore attaqué celui qu'il m'a donné, mais vous le verrez bien un de ces 4 sur une des photos.

Le Mobilian, sorte d'esperanto indien de la région est en disparition, encore parlé par 70 personnes environ. C'est le combat de sa vie de faire perdurer cette langue.
Il est reconnu comme le garant de cette culture et multiplie les interventions sous toutes les formes possibles: musique, conférences, enseignement etc… Il a également un rôle social, de maitre de cérémonie, baptèmes, mariages selon les traditions indiennes de la nation Choctaw et Houma. Il peut intervenir aussi pour chasser les "ghosts". Il y en a beaucoup à la Nouvelle Orléans, pays de tradition Voodoo. I can do it, but it can take time, he said…I have to know the people.

Malgré la fatigue qui nous écrase en fin de journée, nous aurons réussi à faire un premier tour du répertoire, ici dans la maison (plus tard nous travaillerons en ville). J'ai travaillé un mois là-dessus et la vacherie qui nous a privé de Jean Marie m'a bien plombé. Mark est un guitariste de blues rock qui ne lit pas la musique, mais il est enthousiaste et joue bien dans ce qu'il sait faire.  On va s'adapter…
Le courant est passé, d'emblée, avec eux, et ce n'est même pas grâce au vin californien ni aux bananes flambées du déjeuner (sur coup de 15h)…

Maintenant tout le monde est debout (Eliza l'était avant moi d'ailleurs).
Nous partons ce matin downton pour faire une interview dans une radio de Nola.
Le projet est bien annoncé ici. Il faut dire que Grayhawk est connu ici, tant pour son activité de militant culturel que pour son groupe Grayhawk Band (avec Mark), blues rock pour simplifier.

Quelques photos (by Eliza)

the band

smokers gang (part of)

rehearsal one

Mark

Grayhawk